24/10/2019
Lille
Comme de coutume, la recherche de logements pour les étudiants lillois s’est avérée très difficile à l’occasion de cette nouvelle rentrée scolaire 2019. En témoigne le nombre de messages totalement désespérés qui ont transité sur les réseaux sociaux. Beaucoup d’étudiants ont dû revoir leurs critères (quartier, budget, type de logement) pour espérer trouver un toit avant le début des cours. Si ces difficultés ne constituent pas une nouveauté à Lille, le phénomène semble s’accroître à cause du baby-boom des années 2000 et de l’influence de la plateforme Airbnb sur les locations de courte durée.
Autour de la rentrée scolaire 2019, les médias, locaux comme nationaux, relayaient les grandes difficultés des étudiants lillois dans leur quête de logements. Pour France 3, Alexandra Mouton déplorait alors « des annonces hors de prix qui sont dans des quartiers de Lille complètement inaccessibles en transports en commun » ou encore « des logements qui étaient à la limite de l’insalubrité, avec des taches d’humidité ».[1]
Les agences immobilières devaient refuser systématiquement les sollicitations pour les meublés aux 40 étudiants qui appelaient alors quotidiennement, car elles n’avaient pas de biens disponibles. Et naturellement quand un logement arrive sur le marché, son prix reflète ce déséquilibre entre l’offre et la demande : +3,2 % des loyers en 1 an, selon l’UNEF, soit une moyenne de 487 € pour se loger à Lille pour cette rentrée 20191.
Contrairement aux idées reçues, un étudiant ne crée que très rarement des problèmes de paiement. D’autant plus que les propriétaires disposent de garanties et des cautions pour se protéger de ce genre de désagrément. L’explication de cette pénurie de logements pour les étudiants à Lille est ailleurs…
Selon le président de la Fédération nationale de l’immobilier, Jean-Marc Torrollion, « il y a une hausse assez spectaculaire du nombre d’étudiants, le baby-boom des années 2000 arrive et cette vague n’a pas été anticipée ». Sans compter qu’« une partie de l’offre normalement destinée aux étudiants part sur Airbnb pour de la location courte durée » [2].
Le baby-boom « n’est pas complètement anodin, c’est 80 à 100 000 étudiants de plus » : or, Lille ne s’est pas préparée à cette arrivée massive. Face aux difficultés qui marquent chaque nouvelle rentrée dans la capitale du Nord, les étudiants en place ont tendance à conserver leur logement pendant l’été – quitte à payer 2 mois de loyers pour rien – afin de s’assurer un toit pour leur rentrée.
Enfin, l’effet « Airbnb » ne contribue pas à détendre la zone, puisque les propriétaires de petites surfaces préfèrent se tourner vers cette plateforme pour profiter d’une meilleure rentabilité de leur investissement et de l’absence d’impôt associée à cette location de courte durée pour des loyers de moins de 305 € par an (cf. article 50-0 du Code Général des impôts [3]). Une préférence qui soutient la pénurie de l’offre destinée aux étudiants lillois.
Au-delà de la construction de programmes immobiliers adaptés à ce public, pour mieux répondre, demain, à ses demandes, les alternatives, pour aujourd’hui, vont vers la colocation (qui ne reste pas simple à trouver) et plus largement, la cohabitation intergénérationnelle.
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[1] Citation : https://www.francetvinfo.fr/economie/immobilier/immobilier-indigne/lille-le-calvaire-des-etudiants-pour-se-loger_3612619.html
[2] Citation : https://www.francetvinfo.fr/economie/immobilier/prix-immobilier/difficultes-de-logement-pour-les-etudiants-la-vague-du-baby-boom-n-a-pas-ete-anticipee_3604001.html
[3] Article 50-0 du Code Général des impôts : https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006069577&idArticle=LEGIARTI000033613433&dateTexte=&categorieLien=id